Moscovici et les foules en délire

« Nous sommes à l'époque des sociétés de masse et de l'homme-masse. Aux qualités communes à tous ceux qui dirigent et coordonnent les peuples, les meneurs doivent pouvoir allier celles, plus magiques, du prophète, soulevant sur ses pas l'admiration et l'enthousiasme. On pourrait comparer les masses à un tas de briques dépourvu d'assise et de mortier, que le moindre coup de vent fait écrouler, faute de liant. En donnant à chaque individu l'impression d'une relation personnelle, en le faisant communier dans une même idée, une vision du monde identique, le leader lui offre un substitut de communauté, l'apparence d'un lien direct d'homme à homme. Il suffit de quelques images frappantes, d'une ou deux formules qui sonnent bien et parlent aux cœurs, ou du rappel d'une grande croyance collective : tel est le ciment qui lie les individus et tient ensemble l'édifice des masses. Cérémonies grandioses, réunions fréquentes, manifestations...