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Affichage des articles du 2016

L'objet regard

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Les 5 et 6 novembre 2016 à Paris se tenaient les 46ème rencontres de l'Ecole de la Cause Freudienne, sous le thème "l'objet regard". Une approche surprenante de l'activité des psychanalystes, souvent symbolisée par l'oreille, la parole et l'écoute. Lors des consultations sur le divan, les protagonistes n'échangent pas de regard. Credit : bibamag Le regard... Objet massif en 2016 pour la communication politique. Du président papparazzié aux écrans par lesquels les candidats nous parlent, en passant par les dispositifs de surveillance que de nombreux responsables politiques - de droite et de gauche - nous proposent comme l'indispensable adjuvant du lien social, le regard est un sens particulièrement investi par la question du "comment gouverner ?" Le regard de Michel Foucault - Crédit iphilo Michel Foucault - qui n'était pas toujours très ami de la psychanalyse - place dans son Surveiller et punir le rôle du regard au cent

Une fachosphère qui roule

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A propos du livre La fachosphère de Dominique Albertini et David Doucet - Flammarion Enquête , paru fin septembre 2016 . La couverture du livre. Crédit : Flammarion. C'est un livre de combat, et les auteurs l'assument. En nommant « fachosphère » cette nébuleuse de sites internet d'extrême-droite qui constitue le sujet de leur livre, ils désignent l'ennemi.  Ils se désignent eux-mêmes, au passage : « facho », c'est le vocable de la gauche étudiante, post-68. Dominique Albertini et David Doucet sont respectivement journalistes à Libération et aux Inrockuptibles. On s'attend à un face-à-face, " bobosphère " contre "fachosphère", imprécations croisées et matamores. Heureusement, c'est beaucoup mieux que ça. Photo des auteurs - crédit : France Inter D'abord, parce que ce livre est le fruit d'un travail conséquent. A mon avis, les auteurs se savaient attendus par "ceux

Manuel Valls, libre blogueur !

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Aujourd'hui, un fait curieux vient de se produire sur Internet : le premier ministre français Manuel Valls a fait paraître aujourd'hui 16h un article dans le Huffington Post français .  L'article répond  à une parution du New York Times  il y a trois jours qui avait fait grand bruit sur Internet : le New York Times avait en effet  publié en français  un certain nombre de témoignages  de musulmanes, francophone pour la plupart,  qui se plaignaient du très mauvais climat qui selon elle règne à leur encontre en Europe. Le billet de Manuel Valls répond à la journaliste qui, il faut bien le dire, avait sans doute sélectionné les plaintes  les plus amères qu'elle avait pu trouver sur la question. Qu’un premier ministre prennent la plume pour répondre à une journaliste étrangère, ce n'est déjà pas très courant. Mais passons. C'est la question du support et du statut de l'article  qui m'intéresse ici. Manuel Valls qui publie dans le Huffington Pos

Delobel : la presse française et son symptôme

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"Fort de son parcours académique et de ses expériences professionnelles, Maître Corentin DELOBEL intervient, à NICE et partout en France" peut-on lire sur la page web de l'avocat-star de ces derniers jours dans les médias français. Sa page est illustrée de cette photo, ainsi que de ses titres et de son parcours professionnel et scolaire Ah ça... Maître Corentin DELOBEL intervient partout en France : à la télé, dans les journaux, sur Internet. L'avocat a prétendu avoir défendu Mohamed Lahouaiej Bouhlel, l'auteur de l'attentat de Nice du 14 juillet dernier. Hier, il a tenté de se suicider alors qu'il était convoqué par le bâtonnier de l'ordre des avocats de Nice, Me Jacques Randon. Le bâtonnier souhaitait que l'avocat s'explique sur ce mensonge.   Maître Corentin DELOBEL n'a jamais défendu Mohamed Lahouaiej Bouhlel. Pour ce mensonge, il risque d'être interdit par son ordre d'exercer son métier. Il risque même la prison, sel

Pourquoi Internet mange-t-il la société ?

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Les entrepreneurs de la Silicon Valley rêvent d’un homme heureux... sans rien autour. Parviendront-ils à faire disparaître cette société qui les dérange ? Les individus sont de plus en plus différenciés. Les consciences individuelles s’autonomisent de façon croissante. Comment, dans ce contexte de montée de l’individualisme, la cohésion sociale peut-elle être préservée ? On a là une angoisse d’au moins cent vingt ans d’âge. Car cette question est au principe de la thèse d’Émile Durkheim, père fondateur de la sociologie française. En 1893, il s’inquiète, dans son De la division du travail social, des dangers d’une trop forte autonomie des individus vis-à-vis de la société à laquelle ils appartiennent. Émile Durkheim est un républicain optimiste. Quelle est selon lui la principale vertu du devenir urbain et industriel de nos sociétés ? D’abord qu’elle oblige les gens à vivre ensemble. En les spécialisant, en les rendant interdépendants, elle les rend vulnérables et accessibles à co

Les journalistes disent-ils ce qu'ils font ?

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Le 26 mai 2015, Agnieszka Stępińska a donné à l'IPJ une conférence sur l'enquête   Journalistic Role Performance Around the Globe (JRP)  dont elle est référente pour la Pologne. Il a aussi été question du paysage médiatique polonais, des envies et dégoûts des étudiants-journalistes polonais... et français, qui étaient dans la salle. Vous pouvez retrouver ici la capture audio de la conférence .

Les journalistes et le chiffre tabou

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Matrix, Internet, le portable : vers 2000, on a tous vu bouche bée l'imaginaire du chiffre investir d'autorité notre quotidien. C'était plié : le grand livre du monde était fait d'un langage numérique, il fallait parler à l'oreille des machines et leur susurrer des datas pour s'assurer une place dans l'avenir. Les ordinateurs quittaient les entrepôts discrets des arrières-salles de laboratoires pour s'installer partout où il y avait encore de la place. Poussant la télé dans la chambre d'ado, glissé minuscule entre main et oreille, ou énorme à l'instar de ces fermes de serveurs accumulant le "big data" de la vie privée.  L'esprit humain n'aime pas trop le vide : un mythe est donc né de tout cela, selon lequel le chiffre - ce pain quotidien des petits et grands ordinateurs qu'on croisait désormais partout - le chiffre donc contenait la quintessence du réel. Puisque les ordinateurs parlaient en chiffres, et que les ordin

Nuit debout, première communion

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La première fois que j'ai entendu parler de Nuit Debout, c'était en 1995, il y a donc un peu plus de vingt ans de ça. J'étais en licence de philo à Paris 8. On admirait les maîtres fondateurs, dont certains étaient encore là devant nous. On venait d'enterrer Gilles Deleuze.  Deleuze Mais Alain Badiou était là, qui avait délocalisé à Jussieu son séminaire sur Saint Paul le militant.  Daniel Bensaïd faisait son cours sur je ne sais pas trop quoi, avec son accent toulousain, son érudition et sa patience, surtout, à écouter nos questions à rallonge d'étudiants prétentieux. Jacques Rancière nous donnait un cours sur la Catharsis dans la tradition grecque, d'Euripide à Aristote, mais bon ça, on s'en fichait un peu. Rancière   Ses trucs sur le théâtre, à Rancière, sa réflexion sur les expressions grecques dont nous ne parlions pas un mot... Ce qu'on attendait de Rancière, c'est qu'il nous parle de politique.  On était fin 19

#STOPISLAM : quand tweeter c'est se tromper

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Le mardi 22 mars 2016, deux attaques terroristes à Bruxelles ont fait au moins 31 morts et 200 blessés.  Deux bombes ont explosé à 8 heures T.U. à l’aéroport Zaventem. Puis à 9 h 11, une troisième explosion a ravagé la station Maelbeek du métro Bruxellois.  Le mouvement djihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué les attentats peu après 16 heures T.U. par le biais d’un communiqué de son agence de presse, Aamaq.    Trois heures après, une autre grande conscience de notre époque a commenté l'événement. A 19:21 T.U. (11h21 de chez lui, ce qui nous indique que Trump était quelque part au milieu des USA), l e sémillant milliardaire Donald Trump, candidat à l'investiture Républicaine pour les élections présidentielles américaines du 8 novembre prochain, a publié un tweet sur le sujet : Une première remarque : quand on lit "this madness", on peut penser tout de suite aux attentats. On est là dans la parole politique qui fédère. A l'exception des ps